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Le numérique contribue-t-il à mieux accueillir et orienter les visiteurs ?

Deux jeunes femmes vue de dos en train de regarder un smartphone
Temps de lecture 16 minutes
Mis à jour le 03 décembre 2024

Cette première chronique traite de la façon dont le numérique peut contribuer à l’accueil, à l’orientation et à l’accompagnement des publics dans la découverte d’un site culturel. Adaptées à la situation du visiteur, chacune des solutions technologiques qui s’offrent aux professionnels du secteur patrimonial peuvent être autant d’options pour favoriser l’autonomie des publics, se déployer en complémentarité d’autres outils de médiation ou inciter à l’exploration culturelle en ligne.

Découvrez la première Chronique estivale Patrimoine et numérique.

Cet été, la Région Nouvelle-Aquitaine, en association avec {CORRESPONDANCES DIGITALES], propose un ensemble de chroniques sur les usages innovants des sites patrimoniaux néo-aquitains. Au fil de ces publications, explorez les apports et limites du numérique tant du point de vue des publics que des pratiques professionnelles : contributions du numérique dans l’accueil, l’interactivité, l’éducation, la participation des publics et ce qu’il permet en termes de reconstitution, de restitution d’impressions et de mise en récit du patrimoine.

Cette première chronique aborde la façon dont le numérique peut contribuer à l’accueil, à l’orientation et à l’accompagnement des publics dans la découverte d’un site culturel. Adaptées à la situation du visiteur, chacune des solutions technologiques qui s’offrent aux professionnels du secteur patrimonial peuvent être autant d’options pour :

  • favoriser l’autonomie matérielle et le nomadisme des publics. C’est ce que peuvent offrir, à l’instar du Vidéoguide Nouvelle Aquitaine, les applications mobiles pour valoriser les patrimoines d’un territoire ;
  • se déployer dans une logique d’intégration avec les autres formes de médiations d’un lieu culturel : sensibles, matérielles et humaines. C’est le cas de différents dispositifs en salle telle que, par exemple, la reconstitution 3D de la maison de Pierre Loti proposée à l’hôtel d’Hèbre ;
  • inciter à l’exploration culturelle en ligne en amont ou en aval d’une visite physique. Le travail de numérisation et de valorisation des collections mené par l’association des Musées de France de Nouvelle-Aquitaine (Aliénor) sera évoqué dans cet article.

Au fil de la chronique, découvrez également l’Entretien avec Juliette Chalard-Deschamps, chargée de projet Vidéoguide, et le premier J’ai testé pour vous.

Mettre en valeur un territoire

Mettre en valeur un territoire : l’exemple du Vidéoguide Nouvelle-Aquitaine

Dans ce livre passionnant qu’est L’avènement des loisirs 1850-1960, Alain Corbin analyse l’essor fulgurant qu’a connu le tourisme dès le XVIIIe siècle jusqu’à sa massification durant les Trente Glorieuses. Bien que remise en cause par les effets de la récente pandémie que nous avons vécue, cette massification a contribué, à l’échelle des territoires, à la mise en réseau et à la structuration d’offres culturelles et de loisirs sans précédents. C’est dans cette logique de tourisme de destination que les richesses patrimoniales d’un territoire ont été progressivement reliées entre elles sous la forme de parcours de visite.

Concrètement, ces parcours de visite sont valorisés par une politique active de référencement (cartes, guides touristiques, sites web, réseaux sociaux…), voire, de labélisation : liste UNESCO, itinéraires culturels du Conseil de l’Europe, Ville et Pays d’art et d’histoire, Maisons des Illustres… Ils se matérialisent sur les territoires et deviennent visibles aux yeux des visiteurs par l’apposition d’une signalétique et la mise à disposition de supports dédiés : cartes, flyers, affiches, applications mobiles… Au-delà de ces différentes actions de communication, le succès de ce type de parcours est souvent dû à la mobilisation et à la coordination d’un ensemble de partenaires territoriaux : offices de tourisme, lieux culturels, commerces de proximité…

Dans cette logique, l’exemple du Vidéoguide Nouvelle-Aquitaine est une belle illustration de ce qu’une Région a souhaité développer pour valoriser la richesse et la diversité de son patrimoine.

Créé en 2013 par la Région Limousin, et, désormais étendue à l’ensemble de la Nouvelle-Aquitaine depuis 2018, cette application mobile accessible (aussi) via un site internet référence 20 destinations aussi variées que des villes et quartiers (Dorat, Meymac, Pau, quartier historique de la boucherie à Limoges…), des équipements culturels (Centre international d’Art et du Paysage de l’Île de Vassivière), des vestiges patrimoniaux (château des Cars, Angles-sur l’Anglin…) ou des sites naturels (Vallée des peintres de Crozant)…

La pluralité d’acteurs mobilisés autour de ce projet numérique tels que les villes et communautés de communes, offices de tourisme et équipements culturels du territoire favorise une mobilisation fédératrice autour d’un discours de destination commun. Pour donner vie à ce projet aux yeux des visiteurs, il est donc nécessaire d’animer et mobiliser régulièrement ces différents partenaires pour leur proposer de nouveaux contenus et assurer une promotion physique particulièrement visible auprès des touristes par voie d’affichage, flyers, signalétique dédiée, sensibilisation des personnels sur site…

videoguide_mockup

Dans le cas d’une application mobile telle que le Vidéoguide, cet accompagnement est particulièrement nécessaire au regard de l’autonomie demandée aux visiteurs pour son utilisation. En effet, télécharger une application nécessite de :

  • Créer les conditions propices à une couverture réseau homogène sur l’ensemble du territoire couvert par l’application. Au regard de la diversité des sites à découvrir avec le Vidéoguide, l’application est aussi accessible hors ligne et en ligne sur un site web dédié ;
  • Appuyer au maximum les usagers dans cette prise en main grâce à des conditions d’accès facilitées. Le vidéoguide est accessible via un site web mobile plutôt qu’en téléchargement, ce qui réduit cette contrainte ;
  • Favoriser une prise en main aisée. Bien que vieillissante compte tenu de sa conception il y a 7 ans, l’ergonomie du vidéoguide est claire et simple dans sa prise en main ;
  • Mettre à disposition des contenus adaptés et de qualité. Des contenus sont ainsi régulièrement ajoutés chaque année dans l’application de type informations pratiques, propositions de parcours agrémentées de quiz, diaporamas, reconstitutions 3D, contenus audios et vidéos. Une capacité d’éditorialisation des professionnels en charge de l’animation de cette application est donc nécessaire pour adapter les contenus proposés, d’un côté, à des lieux parcourus en mobilité et de l’autre, à distance, sur le Web.

Outre cette application, les services du patrimoine culturel et de l’Inventaire de la Région (Poitou-Charentes, d’Aquitaine et Limousin) mettent également à disposition du public d’autres moyens de découvrir le patrimoine de Nouvelle-Aquitaine à travers des web documentaires, des dossiers numériques, des cartes et des images interactives, à retrouver sur leurs sites internet.

L’entretien
Juliette Chalard-Deschamps
L’Entretien avec Juliette Chalard-Deschamps

Parcours de Juliette Chalard-Deschamps, chargée de projet Vidéoguide

Après une licence professionnelle Conception de projets culturels, Juliette Chalard-Deschamps exerce en tant que guide sur des lieux patrimoniaux en Limousin et notamment au château de Châlucet. C’est à cette occasion qu’elle teste pour la première fois un dispositif de médiation patrimoniale numérique, à l’époque un CD-Rom. Elle intègre par la suite le service Patrimoine et Inventaire de la Région Limousin en tant que médiatrice du patrimoine, poste qu’elle occupe encore aujourd’hui.
Depuis 2013, la Région Limousin a souhaité créer l’outil Vidéoguide, impliquant de fait une montée en compétences au fil de l’eau de Juliette Chalard-Deschamps chargée du projet. Elle a dû s’acculturer à la gestion de projet numérique pour être capable de rédiger un cahier des charges et d’analyser les candidatures reçues qu’il s’agisse de développement informatique ou de prestations vidéos.

« Analyser toutes les offres c’est un gros boulot, il faut pouvoir justifier pourquoi tu notes celui-là de telle ou telle façon… être sûre de faire le bon choix. Donc ça aussi c’était une montée en compétences parce qu’à la base je ne suis pas vidéaste et dans les faits je suis devenue réalisatrice des vidéos : c’est moi qui donne les directives de prises de vues, de montage… et ça je l’ai appris avec l’expérience. Ce qui fait qu’aujourd’hui quand je lis les offres d’un marché je suis en capacité de les analyser. »

Depuis la fusion des Régions, l’équipe projet de Vidéoguide s’est quelque peu étoffée avec deux personnes supplémentaires – qui pour autant ne sont pas à temps plein sur ce projet mais plutôt à 20 % – et qui viennent en appui à Juliette Chalard-Deschamps sur la création de contenu, la saisie du contenu sur les back-offices et la communication.

À QUEL BESOIN RÉPOND VIDÉOGUIDE ?
À son arrivée au service Patrimoine et Inventaire de la Région, Juliette Chalard-Deschamps constate qu’il y a de nombreux lieux patrimoniaux en Limousin accessibles au public mais qui ne bénéficient pas de guides à l’année. Pour pallier cela, elle souhaite créer un outil de médiation patrimoniale utilisable en autonomie in situ, proposant une visite guidée fondée sur la vidéo, médium à forte valeur pédagogique pour transmettre un discours scientifique.
Pour répondre à ces envies et besoins, le numérique s’impose. Le choix se porte alors sur le développement d’un site internet et d’une application mobile qui permet de télécharger les parcours de visite en amont afin de pouvoir les réaliser sur place même sans couverture réseau.

« En 2014, lorsque l’on a créé l’appli, il y avait encore beaucoup de zones blanches en Limousin. L’appli a été conçue avec cette spécificité : l’intégralité des parcours est téléchargeable et elle est donc utilisable hors connexion. »

COMMENT SE CONSTRUIT UNE DESTINATION ?
Les destinations (nom utilisé pour les parcours de visite) sont le fruit d’un travail collaboratif avec une constellation de partenaires orchestrés par Juliette Chalard-Deschamps : offices de tourisme, Villes d’Arts et d’Histoires, structures culturelles…
Chaque destination est la réunion d’un cheminement et du contenu de médiation sous forme de vidéos, de photos et d’images de synthèse parfois. Une explication audio accompagne l’utilisateur tout au long du parcours, comme le ferait un guide sur place.

QUELS RÔLES ENDOSSENT LES PARTENAIRES DU PROJET ?
La Région est le porteur du projet et en assure donc la gestion, la rédaction en chef, les relations avec les prestataires (développement et captations/montage vidéo) ainsi que la création du discours scientifique. Une multitude de tâches qui nécessite un profil aux compétences diverses.
Ensuite, tous les partenaires ont un rôle à jouer dans la création d’une destination mais aussi dans la vie du projet. Ainsi, les territoires (qu’il s’agisse d’une collectivité, d’un office de tourisme…) peuvent solliciter l’équipe projet de la Région s’ils souhaitent voir développer un Vidéoguide sur leur territoire ; les offices de tourisme sont consultés systématiquement lors de traçage du parcours pour leur expertise et leur connaissance des lieux puis pour être les relais de la communication de Vidéoguide auprès de leurs publics ; les services des Villes d’Arts et d’Histoires ou Pays d’Arts et d’Histoires ainsi que les lieux culturels présents sur les parcours sont sollicités quant à eux pour participer à la création du discours de médiation.

QUELLE EST LA COMPLÉMENTARITÉ ENTRE LES DIFFÉRENTS OUTILS DU PROJET ?

« Ce qui nous tient à cœur c’est les contenus. Les outils sont là pour servir et diffuser le contenu. »

Aujourd’hui Vidéoguide possède plusieurs outils numériques pour diffuser ses contenus : un site internet responsive, une application mobile et une chaîne Youtube.
Les contenus sont exactement les mêmes sur l’application et le site mais les usages sont différents. L’application est pensée pour la visite guidée : elle propose une vue cartographique des étapes du parcours, un déclenchement GPS et des indications de direction entre chaque étape (continuez tout droit, tournez à droite…).

« Avec l’appli, on se dit qu’il y a peut-être aussi l’effet collection : « J’ai visité Collonges-la-Rouge et j’ai vu qu’il y avait aussi un parcours à Beaulieu-sur-Dordogne pas loin et du coup je vais aussi aller visiter les autres parcours aux alentours. »

Le site est un outil de présentation des contenus, un outil de « culture générale ». Il permet de visionner les vidéos, écouter les audios et s’adresse à un public qui souhaite en savoir plus sur tel ou tel lieux.

« Youtube c’est le même usage que le site internet, c’est un moyen de faire découvrir à des gens, qui vont tomber dessus peut-être par hasard ou par un ricochet de navigation, le château des Cars ou d’Angles-sur-l’Anglin… des lieux qui ne sont pas du tout connus. »

« L’enjeu c’est de faire connaître, par le biais de ces médias dispersés sur la toile, nos vidéos et peut-être de donner envie de visiter le territoire. »

QUELS RETOURS DES USAGERS ET ÉVOLUTIONS À VENIR ?
Grâce à un questionnaire en ligne auquel ont répondu 120 à 130 utilisateurs de Vidéoguide, Juliette Chalard-Deschamps s’est rendue compte qu’une très grande majorité avait téléchargé plusieurs parcours, ce qui ne signifie pas qu’ils ont tous été les faire sur place pour autant.

« On a une majorité de personnes qui a téléchargé le parcours avant de se rendre sur place ou après et ne l’a pas forcément utilisé in situ, donc là-dessus il y a une question à se poser. Par contre, qu’ils l’utilisent avant, pendant ou après, les gens sont très satisfaits, à la fois de l’ergonomie et des contenus proposés. »

Une nouvelle étape serait de créer des ponts entre Vidéoguide et Terra aventura (application de géocaching portée par le Centre régional du Tourisme de Nouvelle-Aquitaine). L’idée serait d’avoir un lien vers une vidéo de Vidéoguide au sein du parcours de géocaching.

« L’idée n’est pas forcément que les gens téléchargent l’appli Vidéoguide et aillent faire le parcours mais qu’ils puissent visionner notre vidéo pour en savoir un peu plus sur le lieu patrimonial qu’ils traversent ou visitent, qu’ils apprennent des choses sur ce qu’ils découvrent. »

Enrichir les médiations d’un lieu

Enrichir les médiations d’un lieu : la reconstitution 3D de la Maison Pierre Loti à l’Hôtel Hèbre

Qu’elles soient humaines, matérielles, sensibles ou numériques, les différentes médiations à l’œuvre pour s’orienter et découvrir un lieu sont rarement autosuffisantes. Elles sont souvent plurielles et s’interpénètrent. Ainsi est-il nécessaire de communiquer sur une application mobile via une pluralité de supports, il en est de même pour d’autres propositions numériques.

C’est le cas, par exemple, de la reconstitution 3D de la Maison de Pierre Loti proposée dans le musée d’Art et d’Histoire de l’Hôtel Hèbre de Saint-Clément à Rochefort. Cette vidéo projection est ainsi mise à la disposition des visiteurs pour réaliser une visite virtuelle accompagnée par un guide conférencier à l’instar d’une visite physique.

Façade maison Pierre Loti :  : Serge Lacotte, Wikimedia commons
Façade maison Pierre Loti

Fermée depuis 2012 pour rénovation (elle devrait rouvrir en 2023), la Maison de Pierre Loti, ainsi que ses collections, font l’objet de nombreuses études et de relevés 3D. Ces différents relevés collectés à des fins de conservation et de restauration sont ainsi devenus autant de matière pour développer de nouvelles ressources de médiation. Dans le secteur patrimonial, ce travail de documentation est, d’ailleurs, souvent à l’origine d’innovations numériques. La restitution d’une rencontre organisée l’année dernière par {CORRESPONDANCES DIGITALES] sur les liens entre numérique et préservation du patrimoine illustre ces liens fertiles entre recherche, documentation et médiation.

C’est donc à partir de différents relevés 3D que la société nantaise MG design a reconstitué en 2015 les différents espaces de la maison de Pierre Loti. A partir de photographies, un travail minutieux de modélisation a été effectué par ce prestataire pour recréer les objets, les matériaux et l’ambiance lumineuse de chaque pièce de la maison.

Depuis 2015, cette reconstitution est projetée sur un écran de 3 mètres dans un espace dédié du musée de l’Hôtel Hèbre. Cet espace est accessible en préambule ou en clôture d’un parcours dans la collection permanente au contact d’objets ayant appartenu à Pierre Loti.
Cette déambulation « virtuelle » de 45 minutes complète le parcours de visite pour mieux appréhender les objets de l’écrivain exposés dans le musée et les recontextualiser en sa maison. Pour y accéder, les visiteurs sont invités à chausser des lunettes en relief. En contrepoint de la technologie de ce dispositif, l’expérience proposée aux visiteurs recrée les conditions d’une visite physique grâce à l’accompagnement de guides- conférenciers du service patrimoine et des musées de Rochefort. Ces derniers animent et cadencent la visite à l’aide d’une interface tactile. Cette tablette leur permet ainsi de contrôler la projection, d’illustrer leurs discours en direct et d’accéder, si besoin, à d’autres documents complémentaires : archives, photographies…

Animation de la visite de la maison de Pierre Loti
Animation de la visite de la maison de Pierre Loti

La conception d’un tel dispositif démontre ainsi la richesse et la puissance d’évocation de certaines ressources numériques lorsqu’elles s’intègrent harmonieusement dans un parcours de visite. Au contact des objets de la collection permanente et sous la conduite d’une médiation humaine, la technologie s’efface pour créer une expérience sensible et didactique. À ce sujet, un article de {CORRESPONDANCES DIGITALES] propose une analyse des liens entre médiations numériques et physiques.

Pour la mise en œuvre d’une expérience de visite cohérente qui conjugue différentes formes de médiation pour accompagner et orienter les visiteurs dans une certaine fluidité, il peut être nécessaire de :

  • Analyser finement l’architecture, l’agencement et la scénographie des différents espaces de visite pour intégrer au mieux ce dispositif numérique. La salle du musée dédiée à la reconstitution 3D de la maison de Pierre Loti a été sélectionnée pour proposer un parcours en cohérence avec la déambulation des visiteurs dans les espaces des collections permanentes.
  • Étudier les visiteurs du musée, leurs flux de visite, leurs comportements pour proposer un dispositif le plus adapté possible à leurs attentes et habitudes de visite. La volonté d’accompagner l’expérience virtuelle proposée au de l’Hôtel Hèbre avec des guides-conférenciers reproduit au plus près les conditions d’une visite physique.
  • Recenser l’ensemble des ressources et contenus à disposition, les adapter ou en créer de nouveaux selon l’expérience de visite souhaitée. Dans le dispositif de la maison de Loti, l’expérience souhaitée est, avant tout immersive, bien qu’aux reconstitutions 3D, des contenus visuels additionnels enrichissent et augmentent cette immersion dans une vocation plus didactique.
  • Réaliser les choix technologiques, une fois et, une fois seulement, l’ensemble de ces paramètres définis. L’accompagnement du visiteur du musée Hèbre est pluriel et protéiforme. Ce dernier est orienté par des aménagements scénographiques et signalétiques et bénéficie ainsi de différentes formes d’accompagnement (sensibles, humaines, technologiques et matérielles).
    À l’instar des autres musées de France de la région, le musée Hèbre fait partie de l’association Alienor.org, conseil des musées et mutualise avec eux des moyens techniques et humains pour développer des projets numériques de valorisation de leurs collections, notamment, en ligne. Dans ce cadre, la modélisation 3D réalisée pour la maison Pierre Loti a rejoint d’autres œuvres numérisées pour proposer un musée imaginaire en ligne.

À l’instar des autres musées de France de la région, le musée Hèbre fait partie de l’association Alienor.org, conseil des musées et mutualise avec eux des moyens techniques et humains pour développer des projets numériques de valorisation de leurs collections, notamment, en ligne. Dans ce cadre, la modélisation 3D réalisée pour la maison Pierre Loti a rejoint d’autres œuvres numérisées pour proposer un musée imaginaire en ligne.

Valoriser les collections

Valoriser les collections d’un réseau de musées en ligne : l’exemple d’Aliénor

Le récent confinement que nous avons vécu a mis à l’honneur les pratiques en ligne de nombreuses institutions patrimoniales tant sur le web que sur les réseaux sociaux. Au-delà de médiations situées physiquement dans des lieux patrimoniaux, il semble donc intéressant d’évoquer (aussi) les médiations en ligne qui permettent d’orienter et accompagner des publics à distance dans la découverte d’un lieu et ses collections.

Fondée en 1994, Alienor.org, fort d’une logique de réseau et de mutualisation avec l’ensemble des musées de France du territoire, gère un portail numérique hybride, à la fois informatif et documentaire. Plusieurs centaines de publications y sont ainsi regroupées : expositions virtuelles thématiques, retours sur des évènements culturels ou analyses d’œuvre. Ces mises en contexte accompagnent l’internaute dans sa découverte des contenus, prolongent sur le web des expositions temporaires ou mettent en lumière les coulisses des musées.

Visuels Musée 3D copyright Aliénor
Visuels Musée 3D

Pour promouvoir ce musée virtuel auprès des publics ciblés, le réseau a mis à disposition un ensemble de supports de communication pour les musées du réseau : communiqué de presse, dossier de presse, signalétique, bannière sur les réseaux sociaux… Comme évoqué précédemment, une promotion sur site, relayée dans les musées est souvent déterminante pour assurer l’usage de dispositifs tout numérique soit-il.

Exemple d’une affiche de promotion du Musée 3D

Au même titre qu’un dispositif numérique situé, un dispositif en ligne nécessite de :

  • Avoir une bonne connaissance des publics ciblés et de leurs usages sur le web et les réseaux sociaux. Pour façonner une ergonomie au plus proches des usages numériques des jeunes publics, le musée 3D a donc été réalisé avec une technologie utilisée pour les jeux vidéo (Unreal Engine 4), les conventions de ces jeux ont été aussi reprises.
  • Proposer une variété de modalités d’accès aux œuvres, de niveaux de lecture et de médias pour répondre de la façon la plus universelle possible aux usages de tous. Un accès thématisé par parcours, par œuvre ou via l’entrée dans un musée virtuel ont été envisagées dans le cadre de ce projet, une diversité et une richesse de ressources sont aussi mises à disposition des internautes.
  • Réfléchir à des approches sensibles nouvelles pour manipuler des objets en ligne et restituer des sensations physiques. Un prochain article proposera une réflexion sur les restitutions sensorielles que peut permettre parfois le numérique.
  • Bénéficier d’une diffusion large pour en garantir l’usage. Au même titre qu’une exposition classique, le Musée 3D a bénéficié d’une campagne de relations presses, d’une communication par voie d’affichage, d’une promotion sur le web et les réseaux sociaux. La mobilisation et l‘animation de l’ensemble des partenaires est particulièrement nécessaire pour garantir le succès d’une telle campagne.
J’ai testé pour vous
J’ai testé pour vous… le musée 3D

 

Une fois le musée virtuel téléchargé, plusieurs options s’offrent à nous : entrer dans le musée, consulter la carte ou le menu.
Nous choisissons de consulter la carte et nous sélectionnons la thématique « Le monde ». Nous sommes téléportés à l’entrée de l’aile de la dite thématique, face à un panneau sur lequel est inscrit un texte énigmatique. Les codes des jeux vidéo sont déjà présents : on se déplace à l’aide des flèches directionnelles et de la souris tel un jeu vidéo en monde ouvert et les œuvres sont signalées par des cristaux translucides qui nous rappellent les Sims.
Nous déambulons de salle en salle et nous cliquons sur une statue au centre de la pièce : le premier panneau nous invite à consulter plus d’information sur cette œuvre. S’ouvre alors une fenêtre depuis laquelle nous pouvons manipuler la statue, accéder à plusieurs ressources (des informations sur le musée qui accueille cette œuvre, la fiche de l’œuvre sur le site Aliénor.org et la visualisation haute résolution sur sketchfab.com) ainsi qu’aux objets liés à cette statue, également présents dans le musée 3D.
Nous poursuivons notre visite. Interloqués par un bruit de pas, nous nous attendons à tout moment à voir surgir un personnage porteur d’une quête qui n’arrivera finalement jamais.
Notre pièce coup de cœur est la reconstitution de la mosquée présente dans la maison Pierre Loti à Rochefort, nous donnant une réelle impression de changement d’univers contrastant avec la sobriété du musée.
L’expérience mériterait d’être davantage scénarisée avec la présence de personnage, de guides ou compagnon de visite, d’énigmes ou de quêtes, voire d’être vécue en réalité virtuelle.

Capture d'écran d'une salle du musée 3D

Capture d’écran d’une salle du musée 3D

 

ON A AIMÉ

> Codes des jeux vidéo
> Prise en main aisée
> Diversité des modalités d’accès aux œuvres
> Rassemblement d’œuvres de 40 musées
> Possibilité de manipuler les œuvres
> Nombreuses ressources supplémentaires

ON A MOINS AIMÉ

> Manque de scénarisation et d’interaction
> Qualité des numérisations variable
> Manque de médiation autour des collections

NOTRE COUP DE CŒUR :

La reconstitution de la mosquée de la maison Pierre Loti.

Bien que variés dans leurs enjeux et dans les moyens mobilisés, ces trois exemples sont l’occasion de rappeler quelques bonnes pratiques. À l’instar de tout projet de médiation, une bonne connaissance des publics et de leurs usages permet d’adapter de façon efficiente et pertinente les contenus à disposition et de sélectionner la solution technologique la plus adaptée. Une réflexion globale est, par ailleurs, nécessaire pour intégrer et valoriser de façon cohérente des dispositifs numériques dans un lieu, un site web ou sur un territoire.

Antoine ROLAND

Crédits

Rédaction de l’article : Antoine Roland, {CORRESPONDANCES DIGITALES]
L’entretien et J’ai testé pour vous : service Numérique culturel de la Région Nouvelle-Aquitaine

Photos et illustrations :

  • Photo de Une : ©Région Nouvelle-Aquitaine
  • Visuels et photos Vidéoguide : ©Région Nouvelle-Aquitaine
  • Façade maison Pierre Loti : Serge Lacotte, Wikimedia commons
  • Vidéo reconstitution 3D de la maison Pierre Loti : © MG Design, Viméo
  • Salle de projection pour la visite virtuelle : © MG Design
  • Visuels Musée 3D : ©Aliénor
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